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Romain Banse

mardi 7 mars 2023

Plume Verte #63 : Les rongeurs, une espèce envahissante problématique : épisode 2

Temps de lecture : 3 minutes 30

Les rongeurs sont à l’origine de dégradations alimentaires ou de transmission de pathogènes. Leur gestion est donc nécessaire pour réduire leur impact dans les élevages. Cependant, certains comme les rats sont plus méfiants et nécessitent une approche plus spécifique que la souris par exemple.

Dans ce second épisode, nous verrons que d'une manière générale, la reconnaissance de l'espèce envahissante à l'origine des nuisances observée permet de développer un plan de lutte adapté.

Que l'on fasse appel à un prestataire ou que l'on réalise la dératisation soi-même, il convient d'être attentif à différents éléments.

Principe de la lutte contre les rongeurs

Dans le cadre de la lutte contre les rongeurs, je dois mener une gestion intelligente qui s’adapte à ma situation et qui comprend un protocole précis, un plan de dératisation ainsi qu’un suivi des actions. Ces éléments permettent non seulement de répondre à la réglementation mais assurent une résolution efficace tant sur les plans économiques que techniques.

Pour la mise en place du plan, je vais, selon la ou les espèces en présence, placer et numéroter mes postes d’appâtage sur mon site. Je vais tenir compte des facteurs à risques comme les zones riches en denrées alimentaires, les entrées de bâtiment, les lieux où j’ai pu retrouver des indices de présence. Pour les rats, je positionne alors mes postes tous les 15 à 20 mètres, en favorisant les passages du nid au lieu de repas (en hauteur pour le rat noir et au sol pour le rat brun).
Pour les souris, un positionnement tous les 5 à 10 mètres est nécessaire, en favorisant les zones à indices de présence.

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Dans le premier cas je cherche à toucher les lieux de passages, dans le second je m’attaque aux lieux de vies.

Une fois mes postes en place, je réalise, en préventif, un contrôle/monitoring de la présence des rongeurs par des méthodes non chimiques, avec un appât de contrôle par exemple et dès la première présence avérée (cadavre, odeur, déjections, traces, dégradations, …), je peux traiter avec des solutions chimiques en curatif.

Les facteurs déterminants de l'appât

Dans la majorité des infestations de rongeurs, l’emploi d’anticoagulants est depuis longtemps très répandu puisqu’il permet de dépasser la méfiance du rat à l’aide d’un effet retard en plusieurs jours. Les congénères ont alors plus de difficulté à associer la prise du poison avec la mort du congénère. Cependant, on oublie souvent ce qui permet de comparer les solutions entre elles. Pour les rodenticides, les facteurs à prendre en compte sont les suivants :

La formulation

Classiquement, on retrouve trois formulations : le bloc, la pâte et le grain enrobé.

La figure 1 permet de comprendre les principaux avantages et inconvénients des différentes formulations.

Par ailleurs, du fait de sa faible appétence, la formulation bloc est aujourd’hui inadaptée pour les élevages : la concurrence est trop importante avec les denrées alimentaires sur place.

Figure 1 : Comparaison des différentes formulations classiquement utilisées dans la lutte contre les rongeurs à l'exception de la mousse expansive (Synthèse Elevage)

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Le choix des molécules

Depuis le début de l’emploi des anticoagulants dans les années 50, il n’y a eu que 8 molécules différentes. Elles se distinguent dans le temps (entre les années 50 et les années 80) par leur toxicité. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, les molécules ont été de plus en plus toxiques, proposant des DL50 (dose létale pour tuer 50% de la population) de plus en plus faibles.

Il n’y a donc plus de nouvelles solutions chimiques depuis les années 80 et de nouvelles n’apparaitront plus du fait des évolutions réglementaires. Depuis les années 50 et les usages importants, la première génération d’anticoagulants a généré des phénomènes d’accoutumance menant à des résistances prouvées au niveau génétique.

Seulement 3 molécules ne présentent aucune résistance à ce jour.

Figure 2: Les différentes molécules anticoagulantes selon leur année de production, leur génération, leur résistances ainsi que leur toxicité. (Synthèse Elevage)

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L’appétence

L’efficacité d’un produit réside dans la fraicheur, l’odeur et la disponibilité de celui-ci : c’est l’appétence. A molécule équivalente, à dosage équivalent, deux produits peuvent ainsi varier en efficacité s’ils varient en appétence.

L’agent amérisant

Les appâts disposent d’un agent amérisant qui permet de prévenir les phénomènes d’intoxications primaires et secondaires. Les intoxications primaires sont les intoxications par prise directe de l’anticoagulant alors que les intoxications secondaires correspondent à la prise indirecte d’appât suite à la prédation d’un rongeur par exemple.

 Figure 3 : Répartition des appels reçus par an par les centres antipoison belges (750 appels).
Ces résultats ne tiennent donc pas compte des intoxications faunes sauvages qui représentent une grande part des intoxications.

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La gestion des rongeurs dépend donc d’une bonne solution mise en place, mais on constate régulièrement une aversion alimentaire à l’appât proposé, c’est-à-dire une non-consommation de l’appât. Bien sûr, l’appétence peut être mise en cause. Mais il est plus probable que la concurrence alimentaire des activités d’élevage puisse fortement influer sur la consommation. Le mauvais positionnement est aussi souvent mis en cause dans ces comportements. Celui-ci résulte d’une mauvaise identification. Enfin, un appât souillé par les odeurs laissées sur place ou sur le poste d’appâtage explique le reste des aversions.

En effet, les rats et leur réflexe de néophobie détectent assez facilement les perturbations de l’environnement, les mouvements de postes et aussi les odeurs. Les gants ont donc un intérêt pour se protéger des substances chimiques et pathogènes du rongeur mais permettent surtout la réussite technique de la solution mise en place.

Article rédigé par Romain Banse, Chef de produit espèces envahissantes Synthèse Elevage.

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De formation ingénieur agronome, Romain a acquis une expérience dans la lutte contre les rongeurs et les insectes en élevage et en ville.
Il a rejoint Synthèse Elevage en 2022 et accompagne ses clients dans la gestion des espèces envahissantes.