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mardi 5 juillet 2022

Plume Verte #58 : Quelles sont les erreurs fréquentes de vaccination en eau de boisson

Temps de lecture : ~5 minutes

Quelques erreurs fréquentes de vaccination en eau de boisson

En élevage avicole, l’eau de boisson est souvent utilisée comme voie d’administration pour les vaccins.

Cette méthode de vaccination est utilisée dans tous les types d’élevage : futures reproducteurs, poulettes futures pondeuses et en élevage de chair.
La vaccination par eau de boisson est donc une pratique très courante.

Pour avoir une vaccination de bonne qualité, il est essentiel de respecter certaines étapes.

Dans cet article, nous allons voir les étapes critiques, sources des principales erreurs observées en élevage.

Comment la qualité d’eau de mon élevage impacte la qualité de vaccination ?

Peu importe la chimie de mon eau, je peux vacciner : FAUX !

La qualité d’eau est un des facteurs d’échec de la vaccination par eau de boisson. En effet, les propriétés physico-chimiques de l’eau disponible sur l’élevage ont un impact sur les vaccins. Ainsi, on sait que l’excès de fer va rendre inefficace le vaccin contre la maladie de Gumboro. Des pH trop acides ou trop basiques abimeront aussi les vaccins. Il est donc nécessaire de couper l’acidification la veille de la vaccination.

En conclusion, si la qualité d’eau à l’élevage n’est pas adaptée, il est préférable d’utiliser l’eau du réseau pour la vaccination et de neutraliser le chlore avec du thiosulfate de sodium. Celle-ci a en effet des propriétés physico-chimiques relativement stables et neutres. 

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En coupant mon traitement d’eau quelques heures avant, je suis tranquille : FAUX !

Les vaccins utilisés dans l’eau de boisson sont toujours des vaccins vivants. Cela signifie qu’ils sont constitués d’un agent pathogène vivant et atténué. En conséquence, ces vaccins sont sensibles aux désinfectants que l’on peut trouver dans l’eau. Avant toute vaccination, il est essentiel de couper suffisamment en avance le traitement de l’eau : 24h pour le chlore et 48h pour le peroxyde ou l’hydrolyse. Il est également recommandé de tester la présence de ces désinfectants avant de mettre le vaccin dans le bac ou dans la pompe.

S’il reste du chlore, il est possible de le neutraliser avec du thiosulfate. Le peroxyde et les produits issus de l’hydrolyse ne sont eux pas neutralisables.

Comment reconnaitre un animal apte à être vacciné ?

À chaque lot, je vaccine au même âge : PAS TOUJOURS VRAI !

Pour la maladie de Gumboro, les animaux doivent avoir un niveau d’anticorps d’origine maternelle suffisamment bas, sous un seuil variable selon le vaccin, afin que celui-ci ne soit pas neutralisé. Pour pouvoir évaluer cela, des sérologies peuvent être réalisées entre 1 et 5 jours d’âge. D’autres vaccins s’administrent à âge fixe : se référer au plan de prophylaxie.

Peu importe l’état du lot, je vaccine à la date prévue : FAUX !

La vaccination a pour but de présenter un agent pathogène ou des fragments de celui-ci, afin de permettre la mise en place d’une réaction immunitaire et d’une immunité chez un animal. Afin de limiter les risques d’effets secondaires et de maximiser l’efficacité de la réponse immunitaire, il est essentiel de ne vacciner que des animaux en bonne santé.

En cas de doute, il vaut mieux demander conseil à son vétérinaire traitant afin de savoir s'il vaut mieux décaler la vaccination ou pas.

Comment bien administrer le vaccin ?

La purge et la remontée des lignes d’eau sont inutiles si mes animaux vident la ligne : FAUX !

De nombreux éleveurs ne remontent pas les lignes d’eau et ne les purgent pas lors des vaccinations. On considère souvent qu’en coupant l’eau et en laissant les lignes accessibles aux animaux, ceux-ci vont les vider et que cela sera suffisant. Les volailles vont bien boire l’eau présente dans les canalisations mais elles n’auront pas accès à l’eau restée entre la pompe ou le bac et le début des lignes d’eau. Ce volume restant peut être conséquent en fonction de la conformation de l’élevage. En effet, parfois on purge plus de 80L d’eau alors que les lignes d’eau ont été vidées par les animaux. Si cette purge n’est pas faite, les animaux qui viendront boire en premier ne seront donc pas vaccinés et la solution vaccinale qui arrivera après ne sera pas bue dans le délai conseillé pour avoir une vaccination optimale. Quelle que soit la méthode d’assoiffement, il est nécessaire de remonter les lignes d’eau et de les purger avant la distribution du vaccin.

Pour cette étape de purge, l’utilisation de colorant est essentielle. Sans colorant, impossible de savoir quand le vaccin arrive en bout de ligne. Sans colorant, soit on ne purge pas assez et cela revient au problème précédent, soit on purge trop et une partie des doses de vaccin sera dans l’eau purgée.

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Comment préparer correctement ma solution vaccinale ?

Une fois le vaccin au frais, je suis tranquille : PAS TOUT À FAIT VRAI !

Les vaccins vivants sont très sensibles aux variations de température. Il est nécessaire de les conserver entre 2 et 8°C. Pour cela, il faut les stocker au réfrigérateur en évitant la porte (zone qui est sujette à de nombreuses variations) ou au fond (risque de congélation). La présence d’un thermomètre mini/maxi et des relevés réguliers de températures sont nécessaires afin de garantir la bonne conservation des vaccins.

Comment éviter les risques de contamination de ma solution vaccinale ?

Dans un élevage, de nombreux produits sont utilisés. Un certain nombre d’entre eux (acide, désinfectant notamment) vont avoir un impact négatif sur le vaccin. Pour limiter cela, il est essentiel d’avoir un récipient dédié à la reconstitution des vaccins ou d’utiliser un récipient à usage unique comme une bonbonne d’eau de 5L que l’on coupe. Une autre contamination fréquente est celle avec le savon désinfectant présent dans de nombreux sas. Afin d’éviter l’inactivation du vaccin par des résidus de savon, il est conseillé de mettre des gants, c’est même obligatoire en cas d’ouverture des flacons sous l’eau.  

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Ouverture sous l’eau ou non, cela ne change rien : FAUX !

Pour les vaccins en flacons, ils doivent être ouverts sous l’eau ou en les remplissant d’eau avec une seringue et aiguille et en les ouvrant après. Les flacons étant remplis sous vide d’air, le vaccin peut être altéré lors d’une ouverture à l’air libre.

Pour les autres types de vaccins, billes lyophilisées ou comprimés, les vaccins sont à ouvrir à l’air libre mais la dissolution doit toujours se faire dans un récipient dédié à la vaccination.

Quelque soit la forme du vaccin, la mise en solution doit être réalisée en dehors du bac ou de la cuve de la pompe afin de pouvoir vérifier la dissolution totale du vaccin et de garantir l’homogénéité de la solution vaccinale.

Les animaux ayant été assoiffés, je préfère les laisser tranquille pendant la vaccination : FAUX !

Il est important de surveiller le déroulement de la vaccination et de passer régulièrement dans le bâtiment afin de stimuler l’abreuvement des animaux.

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Les angles et les bords des bâtiments sont les zones où l’on retrouve généralement le plus d’animaux non vaccinés. Il est donc nécessaire de circuler plus régulièrement dans ces zones-là. De plus, certaines souches, comme le poulet Ross 308, demanderont plus de passages dans le bâtiment que d’autres.

En conclusion, toutes les étapes d’une vaccination ont leur importance et surtout peuvent être source d’erreur. En cas de question, n’hésitez pas à interroger votre vétérinaire. Il est conseillé de faire réaliser régulièrement des audits de vaccination afin d’améliorer la qualité d’administration du vaccin, d’optimiser la prise vaccinale et la prévention des maladies.

Article rédigé par Rozenn Pluchon, DMV Chêne Vert

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rozenn pluchon

Rozenn Pluchon a obtenu son doctorat en 2012 et elle exerce en filière avicole au sein du cabinet Chêne Vert depuis 2019, sur le site de Ploumagoar.