Plume Verte #71 : VACCINATION AIV – Les facteurs de réussite à ne pas manquer

Facteur clef d’un chantier de vaccination réussi, la présence de l’éleveur est indispensable pour s’assurer du bon respect des mesures de biosécurité sur son site d’élevage, du respect du bien-être animal (parcage, contention, reprise de l’alimentation) et de la bonne organisation globale du chantier. Autant de facteurs de réussite de la prise vaccinale. L’éleveur et les équipes doivent veiller au matériel. Il est pertinent de contrôler le volume réel délivré par la seringue, quel que soit son modèle. Une bonne habitude est de réaliser 10 pressions dans une seringue ou une éprouvette et contrôler le volume. Il est fréquent de relever des dérèglements, aussi bien sur les seringues réglables que les seringues à piston fixe. La confiance dans le matériel n’en exclut pas son contrôle ! Pour les seringues à piston fixe, cela évite aussi les erreurs de pistons (par exemple pour une vaccination VOLVAC, un piston 0.2 mL est installé au lieu du piston 0.5 mL nécessaire).

Contrôle du volume réel pour 10 injections en VOLVAC BEST

Enfin, il est important de veiller à la cadence du chantier. Un rythme de 800 canards par vaccinateur et par heure est souhaitable. Au-delà de 1500 canards/vaccinateur/heure, on s’expose à des risques de mauvaise injection, de défaut de remplissage de la seringue à l’origine d’un sous-dosage, et à un risque accru et dangereux d’auto-injection. De-même il est important de prendre en compte la fatigabilité des équipes sur les gros chantiers.

Concernant plus spécifiquement le VOLVAC BEST, une des clefs de réussite de la vaccination réside dans sa bonne remise en température. Le vaccin, délivré sous couvert du froid, doit être remis à température la veille du chantier (ou le matin-même si la vaccination a lieu un après-midi). L’objectif à atteindre est une température comprise entre 20 et 28°C. Ainsi, attention aux mauvaises surprises l’hiver avec des doses laissées dans les sas, retrouvées à 10°C au démarrage du chantier ! Un vaccin trop froid sera plus difficile à injecter pour le piqueur, et favorisera les reflux au point d’injection. Il sera aussi plus choquant pour l’animal. A l’inverse, si l’utilisation d’un bain marie est nécessaire, attention à ne pas cuire le vaccin (risque d’inactivation au-delà de 35-40°C). Un moyen simple pour contrôler : l’utilisation d’un thermomètre ! Une autre solution est l’aménagement de glacière avec des bouteilles d’eau tièdes.

Exemple de dispositif glacière avec bouteilles d’eau tiède

Pour le Volvac BEST, il est préconisé de vacciner à gauche du canard, la dissymétrie anatomique des jugulaires augmentant le risque d’injection intraveineuse accidentelle à droite. La taille de l’aiguille et son diamètre sont également des éléments importants à contrôler afin de limiter les reflux, surtout sur des animaux de jeune âge (10-14 jours). Cette problématique est moins présente avec les vaccinations plus tardives.

Rappel sur les tailles d’aiguilles conseillées par la SNGTV* et par le laboratoire CEVA**

Concernant le CEVA RESPONS, sa nature d’ARN messager impose une conservation longue durée en surgélateur, en dessous de -60°C, et une gestion de la chaîne du froid très stricte.

Dès réception, les fioles de vaccin doivent être mises au réfrigérateur entre +2 et +8°C. A noter que la durée de conservation en froid positif a pu être considérablement allongée, passant de 48h à 5 jours (mise à jour de l’ATU de février 2025), facilitant la logistique de livraison. Le jour de la vaccination, le vaccin doit être sorti le plus tard possible du réfrigérateur et transporté au sas du bâtiment dans une glacière fraiche.

La reconstitution du vaccin à température ambiante doit se faire au dernier moment, sans anticipation (viabilité de 2h après reconstitution). Nous observons régulièrement des fioles sorties hors des glacières durant toute la durée du chantier. En été particulièrement, la conservation au frais doit être encore plus rigoureuse.

Autre point de vigilance lors de la reconstitution du vaccin : la vidange de la fiole doit être complète. Attention de bien vider jusque l’encoche ! Il n’est pas rare d’observer un reliquat de vaccin dans les fioles, pouvant représenter jusqu’à 5 % du volume total.

Vidange incomplète des fioles de Respons dans les diluants, observée lors du retour des flacons.

L’autre difficulté est la préparation du dernier flacon en fin de chantier. Il est important de retirer la bonne quantité de diluant pour correspondre aux nombres de doses restantes. Ce point devrait être facilité avec l’arrivée du diluant de 45 mL correspondant à 250 doses.

Sur l’injection en elle-même, elle est souvent bien réalisée. Il faut être suffisamment latéral pour éviter des structures sensibles comme le tendon gastrocnémien, le nerf sciatique ou encore l’os. Attention aussi à la contention des animaux, en évitant de trop tirer sur leurs pattes.

La campagne de vaccination est une belle réussite collective.  Cependant, la vigilance doit être maintenue et les efforts poursuivis pour la 3^ème campagne à venir. Car si le virus semble un peu s’éloigner cette année, la continuité de la vaccination - convenablement réalisée - est essentielle pour protéger nos filières, toujours en association avec un strict respect des mesures de biosécurité. Les vétérinaires de Chêne Vert maintiennent une présence forte pour accompagner éleveurs et organisations de productions sur les chantiers de vaccination et le contrôle de la prise vaccinale.

Article rédigé par Baptiste Arnaud, DMV Chêne Vert

Diplômé de VetAgro Sup (Lyon) en 2022, Baptiste Arnaud exerce exclusivement en production avicole sur notre site des Essarts depuis cette date.