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Anouck Lemistre et Sylvie Héliez

mercredi 5 novembre 2025

Pass Porc n°33 : La qualité de l'eau de boisson en élevage : déterminante pour la santé des porcs

Temps de lecture : ~4 minutes 

INTRODUCTION

L’eau est le premier aliment des animaux, il est donc impératif de surveiller sa qualité bactériologique mais aussi physico-chimique. L’eau d’élevage, en fonction de sa provenance (puit, réseau, forage), peut avoir des qualités variables et doit donc faire l’objet d’une attention très particulière.

1 - La qualité bactériologique de l'eau

L’eau est un élément indispensable pour le porc. C’est un nutriment essentiel et vital pour l’organisme puisque la perte d‘un dixième de l’eau corporelle peut entraîner la mort de l’animal. L’eau joue un rôle important dans de nombreuses fonctions physiologiques et biochimiques, comme le maintien de la température corporelle, l’équilibre acide-base et le contrôle de la satiété. C’est, de plus, le principal composant du lait.

Le porc consomme en moyenne 10% de son poids vif (Massabie 2001a) d’eau par jour mais cette moyenne peut fortement varier en fonction de la saison, de l’âge du porc, de chaque individu, de son état de santé, de son stade physiologique et de son alimentation. (Massabie 2001b).

La qualité bactériologique de l’eau de boisson est un facteur de réussite important dans la gestion sanitaire d’un élevage. Une eau de mauvaise qualité peut être à l’origine de plusieurs pathologies chez le porc comme les diarrhées néonatales, diarrhées des porcelets en post-sevrage, méningites, infections urinaires des truies. La qualité de l’eau doit se vérifier au plus près des animaux qui la consomment. La qualité microbiologique de l’eau, avec l’absence de germes pathogènes (coliformes totaux, coliformes thermotolérants, entérocoques et bactéries anaérobies sulfito-réductrices) est primordiale et est à contrôler une à deux fois par an.

En l’absence de normes pour les animaux, les normes humaines servent de référence. En France, les valeurs seuils recommandées en élevage sont différentes d’un organisme à un autre (cf. rapport anses 2010 – annexe 1) mais toutes tendent vers les valeurs des normes humaines (cf. Tableau 1).

Les 4 critères les plus importants à prendre en compte sont : les coliformes totaux, les coliformes thermo-tolérants, les streptocoques (ou entérocoques) et les bactéries anaérobies sulfito-réductrices.

La qualité microbiologique de l’eau est primordiale et est à contrôler une à deux fois par an.

Tableau 1 : Critères microbiologiques de potabilité de l’eau pour l’homme (normes françaises), recommandations pour l’eau d’abreuvement des animaux.

 

TABLEAU 1 PASSPORC 33

2 - Comment faire un bon prélèvement ?

1) Préparer son matériel :

Utiliser un flacon stérile contenant : 

  • du thiosulfate de sodium si l’eau est traitée au chlore et/ou avec les dérivés,
  • ou contenant du bisulfite de sodium si l’eau est traitée au peroxyde (attention au délai l’utilisation)

Photo 1 : Matériel nécessaire pour un prélèvement d’eau.
photo 1 matériel



2) Vérifier le bon fonctionnement du système de traitement de l'eau

Après avoir vérifié le bon fonctionnement du système de traitement de l’eau (vérification du taux de chlore ou du taux de peroxyde à l’aide des trousses adaptées) choisir un endroit de prélèvement en bout de ligne ou au plus près des postes les plus sensibles (maternité, post-sevrage). Attention, ne pas prélever au niveau d’un abreuvoir, ni d’un tuyau.
 

Photo 2 : Choix du robinet où réaliser le prélèvement bactériologique de l’eau à analyser.
PHOTO 2 SYSTEME TRAITEMENT

 

3) Se laver les mains et flamber le robinet

Lavez-vous les mains puis flambez le robinet avant le prélèvement.

Photo 3 : Flambée du robinet avant prélèvement de l’eau en vue d’une analyse bactériologique.
FLAMBEE

 

4) Remplir le flacon 

Faites couler l’eau pendant au moins une minute puis ouvrez le flacon sans toucher avec vos doigts le goulot du flacon stérile puis remplissez le flacon de 500ml (5 litres si recherche de salmonelles) entièrement.

Photo 4 : Hygiène du prélèvement de l’eau en vue d’une analyse bactériologique de l’eau.
FLACON

 

5) Identifier le flacon avant son acheminement au laboratoire

Identifier le flacon sans oublier de préciser le traitement biocide utilisé, le conserver au froid (entre +2 et +8°C) et l’acheminer au laboratoire d’analyses au plus vite (dans les 6 à 12 heures maximum).

Photo 5 : Identification du flacon avant acheminement au laboratoire.
FLACON 2

 

 

Article rédigé par Anouck Lemistre & Sylvie Héliez, vétérinaires Chêne Vert.

anouck lemistre

Anouck Lemistre est diplômée de l'Ecole Nationale Vétérinaire de Toulouse depuis 2002.
Elle a rejoint Chêne Vert la même année et exerce depuis en en production porcine sur le site de Lécousse.