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Christian Engel

vendredi 31 octobre 2025

La Voix Lactée #11 : comment se prémunir des maladies vectorielles en élevage laitier ?

Temps de lecture : ~ 3 minutes

La Voix Lactée #11 : comment se prémunir des maladies vectorielles en élevage laitier ?

Le changement climatique apporte son lot de perturbations dans les élevages. Les maladies vectorielles (FCO, MHE, DNC, …) en font partie.

Il s’agit d’infections transmises par des arthropodes hématophages (tiques, mouches, moucherons, moustiques, etc.) à des hôtes sensibles.

En élevage laitier, la prévention est essentielle car ces maladies peuvent impacter la production, la reproduction, la santé des animaux, et la rentabilité de l’exploitation.

Cet article de la Voix Lactée présente les grands principes de prévention et les recommandations concrètes appliquées à l’élevage laitier.

Les principes généraux de prévention


1- RÉDUCTION DU CONTACT HÔTE-VECTEUR

La stratégie première est de limiter la probabilité qu’un vecteur infecté atteigne les bovins. Ceci peut passer par :

  • La mise en place de barrières physiques (bâtiments, moustiquaires, rideaux, filets)
  • La gestion de l’environnement animal (réduction des habitats de vecteurs : eau stagnante, fumier, végétation dense)
  • Le traitement direct des animaux (acaricides, insecticides, répulsifs)
     

2 - GESTION INTÉGRÉE DES VECTEURS

Une approche intégrée combine plusieurs mesures afin de réduire durablement la population de vecteurs ou leur contact avec les bovins. Cela inclut :

  • Une gestion de l’environnement (fumier, pâturage, eau)
  • Une gestion des animaux (traitements, sélection de races résistantes)
  • Un usage judicieux d’insecticides/acaricides
     

3 - SURVEILLANCE ET ALERTE

  • Suivi des populations vectorielles (piégeage, identification, saisonnalité) pour repérer les pics d’infestation ou d’activité.
  • Suivi des troupeaux (analyses sanguines, signalement des signes cliniques) pour une détection rapide d’agent pathogène vectoriel.
     

4 - FORMATION ET SENSIBILISATION 

Il est important que le personnel d’élevage soit informé de manière régulière par les vétérinaires et les autres acteurs sanitaires (GDS, DDPP) de la circulation de vecteurs, des périodes de risque, et des mesures à mettre en œuvre.
 

Les recommandations pratiques

1 - AMÉNAGEMENT DES BÂTIMENTS ET HÉBERGEMENT

  • Installer des filets/moustiquaires ou des rideaux à mailles fines (filets à mailles ≤ 0.5 mm) sur les zones d’accès des vecteurs (fenêtres, trappes, aérations) ,
  • Veiller à ce que les portes/bâtiments ferment correctement, tout en maintenant une ventilation efficace,
  • Maintenir la ventilation en marche le plus souvent possible,
  • Privilégier un hébergement de nuit pour limiter l’exposition des animaux à l’extérieur aux moments de forte activité vectorielle (activité maximale le soir et la nuit)

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2 - GESTION DE L'ENVIRONNEMENT 

  • Éliminer ou limiter les eaux stagnantes qui sont des zones d’habitat et de reproduction des vecteurs (zones humides autour des bâtiments, mares proches des pâtures) ou zones de reproduction des vecteurs.
  • Evacuer fréquemment le fumier et les déjections : une accumulation favorise les pupes de mouches et moucherons.
  • Mettre en place un pâturage tournant ou changement de parcelle fréquent afin de réduire l’exposition continue dans une zone à forte densité vectorielle.
  • Maitriser la végétation autour des bâtiments et pâtures : tailler les herbes hautes, éliminer les buissons/arbustes dont les vecteurs peuvent se servir pour s’abriter.
  • Utiliser un éclairage adapté ou réduction de la lumière en fin de journée (certains vecteurs sont attirés par la lumière).

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3 - GESTION DES ANIMAUX

  • Appliquer des traitements autorisés et adaptés sur les animaux.
  • Utiliser des acaricides/insecticides de manière raisonnée (respecter le rythme et la dose des applications).
  • Réduire le stress, optimiser les apports nutritionnels, veiller à la bonne santé générale des animaux : un animal en bon état est moins vulnérable aux infections.
  • Gérer les mouvements d’animaux (entrées/sorties) pour éviter l’introduction de vecteurs ou pathogènes nouveaux.

4 - VACCINATION ET SANTÉ SANITAIRE

  • Lorsque des vaccins existent et sont disponibles pour l’agent pathogène transmis par vecteur, ils doivent être intégrés à la stratégie avant la période à risque. L’installation d’une immunité optimale nécessite plusieurs semaines ; il faut en tenir compte.
  • Maintenir un bon programme sanitaire global de l’élevage (vaccinations, parasitisme interne/externes, biosécurité) : un élevage bien géré est plus résilient.
  • Veiller à la biosécurité : limiter l’entrée de nouveaux animaux, contrôler les visiteurs (pédiluves et/ou changement de tenue), les véhicules (parking visiteur à l’écart des zones d’élevage).

    Pour une bonne maitrise des risques mettez en place le plus de mesures possibles. La rentabilité passe aussi par la biosécurité.

Références bibliographiques
  1. ANSES. Vector-borne diseases: a concern for cattle health. 2024.
  2. Sustainable management of tick infestations in cattle: a tropical perspective. Parasites & Vectors. 2025
  3. The efficacy of vector-proof accommodation for the protection of livestock against Culicoides biting midges. Parasites & Vectors. 2025.
  4. Agriculture.gov.au / Livestock-pest/vector management guide.

 

 

Cet article est rédigé par Christian Engel, DMV Chêne Vert.

christian engel

Christian Engel est diplômé d'Oniris depuis 1997.
Il a rejoint Chêne Vert en 2018 et exerce depuis en consulting vache laitière sur le site de Lécousse.